Genre : Cygnus Bechstein (1803)

Description détaillée

 Carte de répartition naturelle du genre

Tout le monde connaît les cygnes, surtout ceux de nos plans d'eau publics, au plumage immaculé. Pourtant, toutes les espèces de cygnes ne sont pas blanches puisque les deux espèces originaires de l'hémisphère sud ne le sont qu'en partie ou pas du tout. A part leur couleur, on reconnaît aisément les cygnes d'abord par leur taille (ce sont notamment les plus gros oiseaux d'Europe), mais aussi par la longueur de leur cou. Cet organe leur est bien utile puisqu'il leur suffit de l'immerger avec l'avant du corps pour chercher la nourriture en fouillant la vase et la végétation. Parfois, ils se hasardent à effectuer un plongeon, mais cela demeure rare à cause de leur taille imposante. Au sol les cygnes se déplacent maladroitement en se dandinant. Par contre quel spectacle magnifique que de voir l'envol d'une famille de cygnes en liberté sur un plan d'eau ; ce sont d'excellents voiliers. Les sexes, à peu de chose près, sont identiques.

Les cygnes se nourrissent essentiellement sur l'eau où ils ramassent toutes sortes de graines, végétaux, insectes, crustacés, vers, mollusques et batraciens. L'hiver, le cygne tuberculé gagne les pièces d'eau proches des agglomérations afin de glaner ça et là quelques déchets abandonnés par les hommes. Tous les cygnes blancs du genre Cygnus nichent aussi bien dans l'Ancien que dans le Nouveau monde dans les régions les plus septentrionales, jusqu'au Danube et au Tibet, ou dans le nord des Etats-Unis et sur la côte Est du fait de l'introduction du cygne tuberculé ça et là à travers le pays. Ainsi, les cygnes aiment les grands espaces, les grands lacs autour du cercle polaire, les vastes toundras canadiennes et sibériennes et souvent même le bord des mers telles que la Baltique, la mer de Behring ou la baie d'Hudson. Dans l'hémisphère sud les espèces américaines fréquentent les étendues d'eau, les plaines et les côtes de la Patagonie. En Australie le cygne noir semble plus éclectique quant à ses choix puisqu'on le rencontre partout avec quand même une plus grande concentration dans le sud-est et le sud-ouest du continent, jusqu'en Nouvelle-Zélande où il a été introduit. Ainsi, en captivité, il n'est pas raisonnable d'installer un couple de cygnes si le plan d'eau ne dépasse pas 40 à 50 m2 et possède une bonne surface périphérique enherbée.

Monogames célèbres, les cygnes nidifient en avril dans l'hémisphère nord et en septembre-novembre dans l'hémisphère sud, mais en captivité ils pondent au printemps. Le nid est construit non loin de l'eau, sur la rive ou dans la végétation du marais. Il est grossier et volumineux, surtout qu'il est réutilisé chaque année. Il est fait de branches et de divers végétaux, tapissé de feuilles et d'herbes que la femelle arrange seule. Certaines espèces le garnissent d'un peu de duvet. La ponte, chez toutes les espèces, est habituellement de 4 à 7 œufs, parfois plus, gris-vert ou blanchâtres à nuance verte selon les espèces et pondus à intervalles de 2 à 3 jours. Seule la femelle couve (relayée quand même de temps en temps) pendant que le mâle monte la garde et attaque quiconque s'approche du nid ; alors gare aux coups de bec ou d'ailes, qui, compte tenu de la taille de l'oiseau peuvent être très dangereux ! 

L'incubation dure de 35 à 38 jours et comme bien souvent la femelle commence à couver avant que la ponte ne soit complète, les éclosions durent pendant 3 à 5 jours. Chez toutes les espèces, les poussins portent un duvet blanc-grisâtre à gris, avec un bec gris-bleuté ou jaunâtre. Leurs pattes sont également soit jaunâtres à couleur chair, soit gris-bleuté. Il n'est pas rare de voir les poussins monter sur le dos de leurs parents. Les duvets puis les différents plumages se succèdent toujours dans des tons de gris et ce n'est que vers la fin de la première année que leur plumage devient semblable à celui des adultes. La maturité sexuelle n'est atteinte que vers l'âge de 3 ou 4 ans. 

 Enfin, le cri des cygnes est particulièrement peu harmonieux, ressemblant à des bruits de trompette bouchée (d'où le nom de cygne trompette pour le cygne sauvage américain) ou de chants rauques. Jadis, au moyen-âge, nos ancêtres chassaient le cygne pour sa chair, mais il semble que les goûts culinaires aient changé, heureusement pour ces espèces. Compte tenu de leurs origines géographiques, les cygnes s'adaptent assez bien à nos climats et ne posent guère de problème particulier.

Jacques Urban, 1990.